Histoire des sciences, quel intérêt au XXIème siècle?

Cette semaine dans le cadre de l'animation scientifique de l'UMR-PVBMT , un sujet passionnant en histoire des sciences vous est proposé, ce jeudi 26 février à 11h 00 en salle des Travaux Pratiques au Pole de Protection des Plantes à Saint Pierre. Cette présentation sera effectuée par Alexandre Reteau, journaliste scientifique.

Sujet :

A l'aube du XXIème siècle, la science est au centre de nos sociétés. Qu'elle soit sous la forme de technoscience (que l'on soit à Plouhinec dans le sud Finistère, ou à Kinshasa tout le monde sait se servir d'un smartphone) ou qu'elle serve à justifier les prises de positions de nos politiques, celle ci est considérée comme un exemple d'objectivité et de rigueur. 

 Dans ce monde ci quel peut donc être l'intérêt de l'histoire des sciences ? A quoi cela peut-il servir de se pencher sur les recherches de savants du XVIème siècle qui croyaient la lune habitée alors que depuis le 21 juillet 1969 l'humanité y a posé pied ? Quel intérêt peut il y avoir à étudier encore les écrits de Newton alors que nous sommes passés à la physique quantique ? En quoi se concentrer sur la vie de Louis Pasteur plus de 100 ans après sa mort ?
 
 La science est issues du travail d'hommes et de femmes portant en eux la subjectivité de leur époque, évoluant dans des paradigmes différents du notre. Par conséquent la vision que l'on en a est essentiellement biaisée par notre point de vue rétrospectif... par la reconstruction que l'on a fait de l'histoire des sciences pour la rendre resplendissante et triomphante.
 Alors qu'il est connu pour ses lois sur la gravitation les écrits de Newtons sur la religion sont bien plus nombreux que ses écrits sur la physique... il essaie, par exemple, d'établir par des calculs complexes la taille que doit atteindre le tour de cuisse de Lucifer. Louis Pasteur, présenté comme pourfendeur de l'église par sa réfutation de la "génération spontanée" est en réalité poussé par sa croyance : seul le divin peut avoir le pouvoir de créer la vie, une génération spontannée ne peut alors exister, ce serait retirer à Dieux sa toute puissance. Par là il s'oppose aux travaux de Darwin pour lequel la génération spontanée était un des piliers de sa théorie de l'évolution.
 
 Si l'histoire des sciences n'a que peu d'utilité pour l'avancement des sciences actuelles, son intérêt principal réside dans le recul qu'elle confère. Elle permet d'avoir un point de vue plus critique sur la science, de mettre à mal l'idée d'une science progressiste : la science est le fruit d'hommes et de femmes, par conséquent elle est faillible. Et c'est en cela qu'elle est passionnante ! Elle permet d'avoir un point de vue critique sur nos sociétés et de s'extirper des fables progressistes et triomphantes que l'on a tendance à se raconter.
 

Publiée : 24/02/2015