Soutenance de thèse de Leila Bagny le 14 décembre

Leila Bagny soutiendra la thèse qu'elle a effectuée au sein de l'UMR PVBMT le 14 décembre 2009 à 15h à l'IUT de St Pierre (amphi 115) sur la caractérisation de l'invasion du principal moustique vecteur du chikungunya à l'île de la Réunion et à Mayotte en présence d'un autre moustique vecteur d'arbovirus (dengue, chikungunya, fièvre jaune,...). Sujet : Caractérisation de l'invasion d'Aedes albopictus à l'île de la Réunion et à Mayotte en présence d'Aedes aegyptii

Résumé

Les invasions biologiques sont un problème majeur en écologie mais aussi en santé publique notamment lorsqu’ils impliquent des insectes vecteurs de maladies humaines. L’émergence actuelle des arboviroses dans le monde est en partie liée à l’expansion de plusieurs espèces de moustiques vecteurs dont l’introduction est favorisée par les pratiques humaines.
Centrée sur l’invasion d’une espèce exotique (Ae. albopictus) en présence d’une espèce résidente (Ae. aegypti) à Mayotte et à l’île de la Réunion, cette thèse a pour but de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans ces invasions en abordant conjointement l’étude du potentiel invasif de l’espèce (stratégies de vie, aptitude à la compétition) et celle de la réceptivité du milieu envahi.

L’étude de la dynamique des populations des deux espèces à Mayotte révèle une expansion très rapide de l’espèce invasive principalement dans les habitats urbains. Les caractéristiques de la morphologie urbaine montrent une bonne adéquation entre l’abondance relative de l’espèce invasive et la densité des populations humaines. Sur cette île en cours urbanisation, les perturbations du milieu ont créé des niches écologiques particulières favorables à l’installation de cette espèce.
Aedes albopictus démontre en outre une meilleure tolérance à diverses conditions climatiques par rapport à Ae. aegypti. Ce moustique invasif optimise à la fois les traits de vie de type r (forte fécondité, petite taille des œufs) et de type K (longévité plus élevée des adultes, longue durée de développement larvaire). Le taux intrinsèque d’accroissement de la population reste positif chez Ae. albopictus, et toujours supérieur à celui d’Ae. aegypti, quelles que soient les conditions d’accès à la ressource et l’intensité de la compétition (intraspécifique et interspécifique) aux stades larvaires. Une telle stratégie de vie caractéristique d’une espèce bonne compétitrice a probablement favorisé au niveau mondial l’expansion d’Ae. albopictus dans des habitats déjà colonisés. A l’île de La Réunion, cette capacité invasive, couplée à la faible résistance biotique du milieu, a dû fortement concourir à l’expansion de cette espèce.
L’étude du comportement de ponte des femelles d’Ae. albopictus montre leur réceptivité à de nombreux stimuli visuels et olfactifs émis par les sites d’oviposition, ainsi qu’une aptitude au fractionnement des pontes entre différents sites ce qui favorise la dispersion des stades immatures sur le terrain.

Notre approche, basée sur l’interaction entre la capacité invasive de l’espèce et la réceptivité des milieux qu’elle colonise, complète nos connaissances sur ce type d’invasion biologique et devrait contribuer au développement d’une gestion plus efficace des risques sanitaires et épidémiologiques qui lui sont liés.

Publiée : 10/11/2009