Production durable d’extraits naturels biocides de deux Pipéracées à La Réunion

Deguine J.P., Atiama-Nurbel T., Ajaguin Soleyen Cédric, Bialecki Anne, Beaudemoulin Henri, Carrière Julie, Chiroleu Frédéric, Cortesero Anne-Marie, Doizy Anna, Dorla Emmanuelle, Fillâtre Jacques, Ginglinger Jean-François, Graindorge Rachel, Grondin Isabelle, Lamy F., Laurent Philippe, Ligonière Amandine, Marchand Patrice, Tostain Graziella. Production durable d’extraits naturels biocides de deux Pipéracées à La Réunion. Innovations Agronomiques, 79 : 101-120. https://doi.org/10.15454/5akb-0259

Résumé

Le projet BIOPIPER est un projet Casdar (Innovation et partenariat) qui s’est déroulé à La Réunion de 2015 à 2018 avec différents partenaires de la Recherche et du Développement. Sa finalité est de produire durablement des extraits naturels de deux Pipéracées (Peperomia borbonensis et Piper borbonense), en vue de leur utilisation dans le cadre de la Protection agroécologique des cultures. On distingue 3 objectifs généraux : (1) Mettre en synergie les compétences de partenaires aux mandats complémentaires sur l'utilisation de plantes endémiques comme outils de biocontrôle ; (2) Concevoir et mettre au point la production durable des deux plantes en vue de leur utilisation comme outils de biocontrôle ; (3) Diffuser et valoriser les résultats et produits obtenus. Le projet s’est articulé autour de 4 actions. L’action 1 a permis de concevoir, de mettre au point et d’optimiser la production des deux Pipéracées permettant d’assurer une production optimale de biomasse foliaire. L’action 2 a permis de produire et de caractériser sur le plan phytochimique les extraits de différents écotypes des plantes sauvages et cultivées. L’action 3 a mesuré l’efficacité biocide des extraits sur divers bioagresseurs (bactéries, arthropodes) de caractère générique et d’importance économique à La Réunion et à l’échelle nationale. Sur les Mouches des fruits, ravageurs redoutables à l’échelle mondiale, les DL 50 et DL 95 (doses létales de 50 % et 95 % de la population) ont été mesurées sur 5 espèces (Zeugodacus cucurbitae, Bactrocera zonata, Bactrocera dorsalis, Ceratitis quilicii et Neoceratitis cyanescens), avec des extraits à base d’huile essentielle. L’analyse des résultats des DL 50 montre des différences entre les plantes, les écotypes et les types d’extraits. Les tests de DL 50 avec les huiles essentielles ont été conduits sur d’autres ravageurs d’importance économique (Bemisia tabaci, individus issus d’élevage ; Frankliniella occidentalis, individus prélevés en culture de poivron sous serre), une drosophile (Drosophila melanogaster, individus issus d’élevage). L’huile essentielle de P. borbonense a également été testée sur différents ravageurs des légumes métropolitains (la Mouche du chou, Delia radicum, le méligèthe Meligethes aeneus et l’altise d’hiver, Psylliodes chrysocephala). Un effet biocide a été trouvé sur tous les insectes testés avec des variations importantes de sensibilité. Des tests olfactométriques ont également été réalisés et ont révélé que l’huile essentielle de P. borbonense n’est pas répulsive. Ce résultat est encourageant et permet d’envisager une application ciblée du produit toxique via la nourriture ou les sites de nutrition du ravageur (approche « attract & kill »). L’action 4 a initié le processus visant à constituer un dossier réglementaire en vue de l’utilisation commerciale de la production des plantes ou des extraits. Le projet BIOPIPER a permis la création d’un dispositif en partenariat opérationnel et original, permettant de screener, à des fins de recherches ou de prestations de service, l’activité biocide d’extraits de différentes plantes.

Publiée : 15/04/2020