Diversité des écosystèmes terrestres de La Grande Comore et invasion par les plantes introduites : état des lieux, régénération sur coulées de lave et comparaison avec les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien : soutenance de thèse

Anziz Ahmed Abdou, doctorant de l'Umr-Pvmt, soutiendra publiquement sa thèse de doctorat en biologie des populations et écologie le 12 juillet 2021 à 15h00 à l'Université de la Réunion Campus du Tampon, en Amphi 300, accessible également en visioconférence.

Résumé

L’archipel des Comores constitue un ensemble de quatre îles océaniques volcaniques émergées il y a environ 10 millions d’années. Cet archipel est soumis à des perturbations naturelles telles que les tempêtes tropicales et le volcanisme ainsi que des perturbations anthropiques à travers l’occupation humaine dans ces territoires. Comme dans la majorité des milieux insulaires, les Comores sont aussi exposées aux changements globaux en particulier la déforestation et l’invasion des écosystèmes par les espèces de plantes exotiques. Au sein du hotspot de biodiversité des îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien, l’archipel des Mascareignes, les Seychelles et la grande île de Madagascar font régulièrement objet de programmes de recherches en biologie de la conservation. L’archipel des Comores n’a pas reçu le même investissement et le manque de connaissances dans cet archipel contraint souvent la mise en places de programmes opérationnels de gestion de la biodiversité. Cette thèse a pour objectif d’améliorer la compréhension d’une des principales menaces sur la biodiversité de l’archipel des Comores, les invasions par les plantes exotiques. Elle tente de répondre à trois questions : 1) quel est le niveau d’invasion par les plantes exotiques sur l’archipel des Comores par rapport aux autres iles de l’Océan Indien ; 2) quel est l’état de conservation et d’invasion des reliques de végétation naturelle sur la Grande Comore ; et 3) quelle est l’influence des plantes exotiques sur la succession primaire sur les coulées de lave du Karthala ?Grace à la compilation de données récentes issues des projets « Inva’ziles » et « EpiBio-OI », une base de données des 410 plantes envahissantes a pu être constituée pour la première fois sur les territoires du Sud-Ouest de l’Océan Indien . Parmi ces 410 espèces, 111 sont envahissantes aux Comores, 122 y sont présentes sans être envahissantes, et 177 y sont absentes. Cette première analyse biogéographique a des conséquences importantes sur la biosécurité, notamment sur le contrôle aux frontières.A l’échelle de La Grande Comore, les dernières reliques de végétation subsistent sur les pentes du massif du Karthala et de La Grille, respectivement dans les versants Sud et Nord de l’île. Un premier bilan a permis d’identifier 55 espèces de plantes exotiques sur différents types de végétation, entre 24 et 1100m d’altitude, plus présentes à basse altitude et déclinant fortement à partir de 700 mètres d’altitude. Les priorités de gestions doivent cibler les forêts natives de moyenne altitude à Weinmannia, Nuxia, Ocotea et Tambourissa qui maintiennent encore des canopées intactes.L’étude comparative de la végétation pionnière des coulées de lave du Karthala à La Grande Comore et du Piton de la Fournaise à La Réunion montrent que le substrat est coloniséde la même manière, à savoir une strate bryo-lychénique puis des espèces ligneuses indigènes avec certaines similarités structurelle et compositionnelle. Concernant les espèces exotiques, on note une forte hétérogénéité intra-site et intra-îles. Ces différences de composition en espèces exotiques entre les sites sont en partie expliquées par des facteurs géographiques et des caractéristiques propres à chaque site. L’établissement d’espèces exotiques envahissantes pourrait modifier la succession de cette végétation à terme.Les travaux de cette thèse soulignent l’importante diversité végétale encore présente sur l’archipel des Comores, malgré une menace croissante des plantes exotiques. Ces travaux permettent d’orienter les décisions sur la conservation, l’aménagement du territoire et la biosécurité de l’archipel des Comores.

Publiée : 06/07/2021