Diversité génétique et phylogéographie de l’abeille Apis mellifera dans les îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien : soutenance de thèse Maéva AngeliqueTecher

La soutenance de thèse de doctorat de Maéva Angélique Techer aura lieu le 20 novembre 2015 à 14h30 à l'amphi 500 à l'Université du Tampon.

 Résumé

Les îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien (SOOI) abritent une faune et une flore exceptionnelle et constituent l’un des cinq hotspot de biodiversité les plus importants au monde. L’abeille domestique Apis mellifera occupe divers habitats dans la majorité des îles de cette région. De par sa capacité de pollinisateur généraliste, elle interagit avec une flore indigène et hautement endémique. Elle est également exploitée par l’Homme pour l’apiculture et sa production de miel, pollen et autres produits de la ruche. Au sein du groupe des abeilles (Apidae), A. mellifera est un modèle de diversité qui a divergé en plusieurs lignées évolutives et sous-espèces dans son aire d’origine. Parmi les 28 sous-espèces reconnues, A. m. unicolor a été décrite comme endémique de Madagascar et appartient à la lignée africaine A. Les populations d’A. mellifera des archipels des Mascareignes, Comores et Seychelles, environnant cette île continentale, ont fait l’objet de peu voire pas d’étude.

Les objectifs de cette thèse étaient de caractériser l’abeille dans les archipels des Mascareignes (La Réunion, Maurice, Rodrigues), Comores (Anjouan, Mohéli, Grande Comore, Mayotte) et Seychelles (Mahé, Praslin, La Digue) en identifiant les lignées évolutives et sous-espèces présentes. Dans un second temps, une étude de la diversité et de la structure génétique a été réalisée sur ces mêmes populations insulaires. Pour cela, un large échantillonnage (n = 4095 colonies dans le SOOI, et 238 dans l’aire naturelle continentale) a été couplé à des analyses moléculaires utilisant des marqueurs mitochondriaux (séquençage de la région intergénique COI-COII et du gène ND2) et nucléaires (15 loci microsatellites).

Trois des quatre lignées évolutives (A, C et M) ont été détectées dans les 10 îles étudiées et ce en différentes proportions. La lignée africaine A et la sous-espèce A. m. unicolor est prépondérante dans le SOOI excepté à Rodrigues uniquement représenté par la lignée européenne C. Dans toutes les îles de l’archipel des Comores et des Seychelles, 100% des colonies échantillonnées appartiennent à la lignée africaine, 95,2% à La Réunion et seulement 54,2% à Maurice. Pour la première fois, la sous-lignée africaine Z a été décrite en dehors de l’Afrique continentale dans deux des îles des Seychelles. De plus, les îles de l’archipel des Comores constitueraient une zone de contact entre la lignée africaine continentale et les populations d’A. m. unicolor (lignée africaine insulaire).

La diversité génétique nucléaire est forte dans les archipels du SOOI et, est structurée par îles et archipels. En outre, les populations du SOOI se différencient fortement des populations continentales africaines et européennes. La combinaison des différents marqueurs privilégie l’hypothèse d’une colonisation ancienne et naturelle d’A. m. unicolor depuis Madagascar à La Réunion, Maurice et aux Seychelles. De ce fait, ses nombreuses interactions référencées avec la faune et la flore endémique du SOOI pourraient être expliquée par une longue cohabitation en plus de son rôle de pollinisateur généraliste.

Publiée : 20/10/2015