Effets indirects des ennemis naturels sur l’expansion de gamme d’hôtes chez les herbivores : une expérience eco-évolutive

Karim Tighiouart, doctorant de l'Umr-Pvbmt présentera ses travaux de recherche, dans le cadre de l'animation scientifique, ce jeudi 21 novembre 2019 à 11h en salle 1 au 3 P à Saint Pierre.

Résumé

Le fitness des insectes herbivores dépend fortement de la qualité de leur plante hôte. Pour cette raison ces espèces sont habituellement adaptées à se nourrir d'un nombre limité de plantes. Pour la majorité des herbivores, le choix du site de ponte par la femelle est adaptatif dans le sens où il est corrélé avec la performance des larves. Une question peu explorée est de savoir si la spécialisation des insectes herbivores sur les plantes dépend de la présence des compétiteurs ou des ennemis naturels. Nous testons de manière expérimentale l’hypothèse selon laquelle les insectes herbivores vont basculer de leur plante hôte principale vers une autre espèce de plante de qualité suboptimale en fonction de la densité des populations d’un compétiteur supérieur, ou de la présence d’ennemis naturels de ces derniers. Pour répondre à ces questions de recherche, nous avons constitué une communauté d’espèces communes aux agrosystèmes qui comprend cinq espèces d’insectes herbivores et deux espèces d’ennemis naturels. Ces derniers incluent un prédateur et un parasitoïde, tous deux spécifiques à une seule espèce de proie. Quatre modalités furent réalisées dans le cadre de cette expérimentation et mises en place dans 40 cages insect-proof. L’analyse des prélèvements de populations de chacun des protagonistes fut réalisé à l’aide du package « glmmTMB » où une négative binomiale fut adoptée comme distribution, le traitement en interaction avec le temps comme facteur fixe, et les cages comme facteurs aléatoire. Un test post-hoc fut réalisé afin de comparer les différentes modalités entre elles. Les résultats ont montré que le thrips Echinothrips americanus a eu un déplacement vers une plante hôte de qualité suboptimale lorsque son compétiteur était présent en large densité sur sa plante de préférence. Néanmoins, ce changement d’hôte, ne fut pas observé lorsque les ennemis naturels de ces compétiteurs furent introduits au sein de la communauté. Des expériences complémentaires ont révélé que ce changement de plante hôte avait conduit à des changements de traits de vie qui peuvent expliquer une adaptation à cette nouvelle plante hôte. Cette expérience est un exemple de la dynamique d’éco-évolution liée au effets indirects des ennemis naturels, et peut expliquer l’apparition de nouvelles espèces d'insectes ravageurs.

 

 

 

 

Publiée : 18/11/2019